Christian témoigne

Pousser la réflexion encore plus loin : Les dissidents ont-ils faux sur l'essentiel ? (septembre 2011)

J'ai posé cette question à de multiples reprises au cours de la réflexion - aux uns et aux autres sur les blogs comme en privé, et à moi-même encore et encore, tentant de contempler la situation pour savoir avec certitude.

Pourquoi la réponse n'est-elle pas aussi tranchée ? Pourquoi est-ce que je reviens avec ces questions, qui impliquent que, peut-être, je me suis trompé sur Chari, et que j'ai égaré des abhyasis en les entraînant dans mon sillage révolutionnaire ?

Parce qu'indéniablement, il y a de l'esprit avec Chari. Parce que malgré son comportement, malgré ce qu'il cause, malgré les fruits pourris de cet arbre, le divin fait son chemin indépendamment de la capacité des hommes.

Je sais que tous les abhyasis de la SRCMtm continuent à s'interroger sur un phénomène récurrent et similaire : Comment des individus "spirituellement avancés" - comme on en trouve dans le proche entourage de Chari ou aux postes importants de la "mission" - peuvent-ils avoir une personnalité aussi grossière, une arrogance aussi visible, et un comportement aussi odieux ?

La réponse qu'ils trouvent est toujours "l'ego", l'un des points centraux des préoccupations des abhyasis de Chari dont personne ne parle jamais dans les groupes dissidents. L'égo (diable) est, avec les samskaras (péchés), la réincarnation (enfer), la libération (accès au paradis), le maître (Christ sauveur), le Soi (Saint-Esprit), et le Centre (Dieu), l'un des éléments structuraux du dogme judéo-chrétien hindouistanisé qui fonde le software de la SRCMtm (le judéo-christianisme a fait ses preuves pour contrôler les masses et manipuler l'histoire. Il a été détruit par la franc-maçonnerie et ses associés pour retirer ses crocs et ses griffes à l’Église. Cependant il est nécessaire. La structure psychobiologique, universelle, ou langage-machine, est retranscrite dans une matrice culturelle exotique, afin d'apparaître comme un software aux fonctionnalités nouvelles pour être acceptée plus facilement : il s'agit toujours du même système de pouvoir manipulant les mêmes leviers de la peur et du désir - le bâton et la carotte).

Quiconque a une poussée d'égo chute (en enfer), et tous ces gens qui gravitent autour de Chari ont donc été choisis par lui à ces positions de proximité pour qu'il puisse mieux travailler sur eux - sous-entendu les pauvres, ayons pitié de leur condition misérable, car nous autres petites gens de la SRCMtm vallons bien mieux que les grands (puisque nous n'avons pas besoin de subir un traitement de faveur de décalaminage profond).

J'ai longtemps cru à cette mythologie qui sonne plutôt logiquement. Je me suis cependant aperçu, avec le temps, après 10 ans, ou 15 ans, que ces proches du maître étaient vraiment indécrottables et qu'ils allaient plutôt en empirant. C'était tout de même déroutant, puisque le maître faisait parait-il sur eux un travail spécifique pour les sortir de leur misère humaine.

Il semblait au contraire qu'ils étaient toujours plus arrogants, et certains dont je ne veux pas citer de nom, étaient même parfois ouvertement odieux envers les abhyasis - au point d'être largement impopulaires dans le mouvement (humiliation + jalousie = amour fraternel ?).

Il est donc arrivé un moment où une autre hypothèse a fait son chemin dans mon esprit : la mythologie du sens commun était de la mythologie. Ce qui voulait dire que (i) Chari ne faisait aucun travail spirituel spécifique sur ces gens du cercle intérieur pour les faire "évoluer" (incapacité ou abus), et (ii) qu'il utilisait leurs caractéristiques les plus viles pour élaborer et gérer la pyramide de pouvoir au sommet de laquelle il continuait à se hisser (arrivisme).

Mais cela impliquait surtout autre chose, de pire encore : Chari ne pouvait pas être un maître spirituel s'il avait de telles pratiques, de telles tactiques, et de telles visées - et ce bien qu'il prétende être le successeur spirituel de Babuji, et bien qu'il ait l'appui des occidentaux qu'il avait su manipuler dans les années 80 et 90 pour revenir prendre le pouvoir en Inde sur toute une dissidence légitime.

Nombre d'"anciens abhyasis" avaient déserté l'entourage de Chari au fil du temps. La plupart étaient d'illustres inconnus, mais quelques pointures, et non des moindres, avaient fait parler d'elles en se retirant du mouvement avec plus ou moins de fracas. Invariablement, les rumeurs circulaient dans la masse des adeptes, que ces anciens dévots médiatisés avaient tous chuté. Ils avaient eu une crise d'égo, tourné le dos au Saint-Esprit, à Dieu, et à son Envoyé le Chari-Sauveur.

Moi-même, lorsque je joignais le mouvement à la fin des années 80, j'étais quelque peu confus par la rencontre inopinée avec une préceptrice d'un groupe de dissidents quelques jours après mes sittings d'introduction dans le groupe de Chari... Me retrouvant projeté par hasard au cœur du conflit, les opposants à Chari ne voulant rien me dire, me conseillant de suivre ma voie, et acceptant que je vienne méditer avec eux tout en continuant avec le groupe de Chari, les autres me disant que les dissidents ne reconnaissaient pas le nouveau maître et me déconseillant de les fréquenter...

J'avais donc pris cette situation comme prétexte pour demander, quelques mois plus tard, un entretiens personnel avec Chari afin de le rencontrer pour la première fois. Je voulais lui poser la question, avec à l'idée de tester le personnage pour me faire une opinion et choisir un groupe ou l'autre. En fin psychologue, Chari m'avait répondu "Ils n'ont pas su reconnaître le Maître où il est." - parlant du principe spirituel que les anglo-saxons appellent "holly ghost", le "saint fantôme" ou Saint-Esprit.

J'avais 20 ans, Chari m'impressionnait par la clarté de sa pensée, par l'énergie spirituelle qui se dégageait de lui, et par le message contenu dans l'enseignement qu'il me faisait découvrir. Les dissidents que je connaissais formaient un groupuscule peu organisé, constitué d'individus égo-centrés dont la spiritualité semblait être plus un souvenir qu'un flux puissant. Je n'avais pas d'expérience correspondant à mon aspiration. Dans le groupe de Chari au contraire, je trouvais une organisation porteuse de potentiel, un maître vivant qui semblait fédérateur, et surtout, qui avait l'esprit avec lui. C'est ce dernier point qui avait déterminé mon choix. Plus exactement, cette première rencontre avec Chari avait été fondatrice. Il n'y avait plus aucun doute, plus aucune question. J'avais vu les deux alternatives, je savais avec certitude.

Les premières années furent totalement insouciantes. J'étais porté par mon aspiration et par l'aspiration du groupe, une belle énergie régnait, l'ensemble était encore aux dimensions humaines et chacun trouvait sa place. La spiritualité était au coeur de cette belle entreprise. Nous avions, lors des séminaires, trois, parfois quatre satsanghs par jour. Chari venait en France plusieurs fois par an. L'esprit était présent en permanence et nous baignons tous dans cette allégresse, dans cette dynamique. C'était magnifique.

Avec le temps, la SRCM est devenue la SRCMtm, une machine monstrueuse à broyer les cœurs et les âmes, une usine à endoctriner avec pour seule ambition "A Brave New World" (tendance générale de la société mondialisée). Vers 1995, j'ai commencé à prendre conscience du basculement qui s'était opéré dans l'organisation, je pense vers le début des années 90. En 1997, il était si visible, avec la mise en place d'une nouvelle structure et de règles de fonctionnement plus contraignantes en vue de l'expansion à venir, que je commençais à prendre de réelles distances, torturé entre mon aspiration inassouvie, mon endoctrinement total, et l'incompréhension face à la destruction de l'âme de la mission qui était en train de s'opérer.

Jusqu'en 2005, je crus que cette destruction était le fait des abhyasis et des équipes de management. Je faisais confiance en Chari, croyant qu'il s'agissait d'une étape passagère dans le processus, que toute l'énergie était impliquée dans la mise en place de la structure mais que sous peu, un recentrage sur la spiritualité aurait lieu. Entre 1998 et 2005, je poursuivais ma pratique personnelle avec la prise régulière de sittings individuels, mais je n'assistais qu'exceptionnellement aux méditations de groupe.

En 2005, je fis le point sur la situation, car il était devenu évident que ma pratique déclinait de plus en plus. Je devais tenter de renouer avec une pratique plus suivie et une plus grande implication dans la vie sociale de la mission, puisque la pression endoctrinante dans les messages de Chari faisait son effet sur mon raisonnement.

Je me rendais en Italie et au Danemark, à deux séminaires internationaux. Ce que j'y vis me stupéfiait. Une folie collective avait contaminé la masse. L'attention n'était plus DU TOUT focalisée sur la spiritualité, mais sur l'achat de terrains et de bâtiments pour en faire des ashrams, et donc sur la collecte de fonds.

Dans un séminaire, le fils de Chari animait la vente aux enchères d'objets et d'oeuvres offertes par les abhyasis à la mission. Comme peu de participants étaient venus soutenir la première vente aux enchères, il avait été décidé de faire la suivante à l'heure du satsangh, car tout le monde serait présent. Ce fut un scandale. Les abhyasis, dégoutés, s'en prenaient au fils de Chari dans les discussions qui eurent lieu les heures et jours suivants. Ce fils honnis était un responsable immoral, capable de troquer le sacré pour du profane afin de plaire à son père à vil prix.

Au séminaire suivant, répondant ainsi à la vague de protestations avec mépris et arrogance - comme à son habitude, ce fut Chari lui-même qui anima les ventes aux enchères...

Le doute n'était plus permis, beaucoup d'abhyasis tombaient de haut, se demandant si leur idole n'était pas devenue sénile. Lui cherchant encore des excuses, je faisais partie de ceux qui supposaient que le proche entourage de Chari, constitué des pires arrivistes de la mission, avait pourri son esprit en le contaminant peu à peu avec des idées subversives. Mais en même temps, je l'avais vu animer une vente de mes propres yeux. Et j'avais vu un personnage assuré, méthodique, manipulateur, œuvrant en sachant parfaitement ce qu'il faisait, dans quel but, jouant avec l’idolâtrie des abhyasis pour leur faire vider leurs poches.

Je devais donc à un moment ou à un autre aller jusqu'au bout du processus et tester Chari - vous connaissez la suite.

Pourtant, ne pouvait-il pas y avoir autre chose derrière tous ces symptômes ? Derrière cette réalité sinistre, sordide, et animale ?

Et si Chari, malgré ses actes criminels à répétition, était un outil du divin, inconscient, piloté d'en haut ? Et si l'esprit du divin coulait à travers lui ? Et si Chari était un maître malgré tout ?

J'ai entendu les arguments des uns et des autres. J'ai vu de mes propres yeux chez les uns et les autres. J'ai vécu et ressenti. J'ai analysé et je me suis désendoctriné. J'ai appris la différence entre le pouvoir et la spiritualité, ou à tout le moins, reçu quelques insights pour savoir qu'il existe une différence.

Et pourtant, je l'avoue, je n'ai jamais réussi à trouver cette certitude, après des années de quête : que Chari ne soit pas un canal.

Aussi, j'ouvre cette section de mon blog afin de lancer officiellement une discussion dans laquelle j'invite tout le monde, tant d'un camp que de l'autre, à apporter des arguments de manière construite et constructive. Il s'agit ici d'un débat important, puisqu'il vise à (i) confirmer ou (ii) infirmer l'hypothèse des dissidents.

Si (ii) s’avérait exact, il est important que ceux qui auraient été égarés par les blogs puissent avoir les éléments leur permettant de retrouver la voie - ou plutôt, de prendre un décision éclairée pour leur destinée spirituelle.

Témoignage paru sur son blog en Septembre 2011
Retrouvez y aussi ses analyses originales

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