Sahaj marg et fasciathérapie


Une Commission d’enquête sénatoriale épingle un ancien disciple de Babuji

Après six mois de travaux, la commission française d’enquête sur l’influence des mouvements à caractère sectaire dans le domaine de la santé a rendu public son rapport le 10 avril 2013.
D’après le magazine Sciences et Avenir : « (…) Lors de la conférence de presse, les sénateurs ont particulièrement insisté sur la fasciathérapie, une pratique ésotérique inspirée de l’ostéopathie et des enseignements de Ram Chandra, fondateur de la sectes Shri Ram Chandra Mission (…). » 

Le website d’information en ligne Rue 89 avait déjà publié un article sur ce sujet dès 2011. Dépublié suite à une première décision de justice, cet article intitulé Face au cancer, la fasciathérapie continue de diviser à Angers a été republié le 3 mars 2012 suite à l’arrêt de la Chambre d’Appel du tribunal d’Angers annulant la décision prise en première instance, après mise à jour et corrections des 16/09/2011 et 21/09/2011 pour tenir compte des remarques de Monsieur Bois.
Extraits : « Danis Bois a été séduit il y a trente ans par un certain Shri Ram Chandra dont le mouvement en France a été depuis repéré par les Renseignements généraux (RG). Il raconte dans un livre paru en 1995 comment il a rencontré le maître ’, lui a demandé sa ‘ bénédiction ’ pour ouvrir une école de thérapie manuelle en France, et a travaillé avec son ‘ soutien invisible ’. Mais il regrette aujourd’hui ces références, et considère cet épisode comme appartenant à un passé lointain : ‘ Après sa mort (en 1983), j’ai trouvé douteux celui qui lui a succédé et je suis devenu plus que dissident au mouvement, dont je n’ai jamais fait partie. Je suis un laïc !’ » 

Olivier Hertel, journaliste à Sciences et Avenir et auteur d’un article intitulé « Les sectes entrent à l’hôpital » en novembre 2012, suite à une enquête de 6 mois, a été auditionné par la commission d’enquête.
Extraits de son audition : « (…) Le second cas concerne la fasciathérapie et constitue selon moi l'exemple le plus intelligent dans la manière de pénétrer les institutions de santé. Les fascias sont des tissus fibroélastiques qui entourent les organes et certaines structures anatomiques - plèvre, péricarde ou méninges. Ce tissu serait animé d'un mouvement subtil, ce qui implique une formation assez précise pour le percevoir. La formation permet au thérapeute de sentir ce mouvement et d'avoir une lecture de l'état de la personne, ainsi que le présente une vidéo produite par Danis Bois, inventeur de la méthode. Si le thérapeute qui pose ses mains sur le patient sent que le mouvement va vers l'avant, c'est que la personne « va de l'avant ». S'il ne perçoit pas de mouvement vers l'arrière, c'est que la personne « manque de recul ». La grille de lecture est assez simple et facile à appréhender ! Le mouvement peut également aller vers le sol, signifiant que la personne est bien « enracinée », plus ou moins puissant, etc. Tout ceci se fait en posant la main sur un bras ou sur le corps de la personne. Le mouvement interne est déterminant pour la santé et rappelle la médecine orientale, indienne, chinoise, etc., et les notions de qi, de chi, de prana, sortes d'énergies qui circuleraient à travers le corps. Cette méthode permet de rééquilibrer l'énergie grâce à des points d'appui définis par Danis Bois. J'ai suivi une séance de fasciathérapie pour un mal de dos. On reste allongé durant environ une heure et le thérapeute pose les mains à différents endroits, autour du dos et il ne se passe quasiment rien. D'ailleurs, j'ai toujours mal au dos ! Je consulte également des médecins mais, dans le cadre de mon métier, j'ai l'occasion de tester un peu tout, ce qui est assez instructif. Je suis encore vivant, ce qui prouve que ce n'est finalement pas si dangereux - bien qu'il faille quand même rester prudent... Quelles sont les allégations de la fasciathérapie ? Le discours est globalement assez prudent. Aujourd'hui, on parle d'aide et d'accompagnement, mais on peut trouver l'évocation de maladies assez graves. La fasciathérapie serait notamment efficace dans la prévention ou le soutien dans les cas de cancer, de sclérose en plaques, de déficit immunitaire, etc. Le site du « Département de fasciathérapie » recense toutes les formations de Danis Bois. L'idée est d'attirer des étudiants, généralement tous kinésithérapeutes, vers cette formation qui donne des outils pour « mener une action curative et éducative auprès de patients souffrant de douleurs physiques, de pathologies chroniques et de maladies graves ». En fait, ce mouvement interne perçu par les fasciathérapeutes n'existe pas ! Selon les spécialistes de l'anatomie que j'ai interrogés, cette structure ne peut correspondre à la description qu'en fait Danis Bois. Danis Bois est ancien kinésithérapeute et ostéopathe ; dans les années 1980, il a surtout été le disciple de Ram Chandra, à l'origine de la secte Shri Ram Chandra Mission. Dans un de ses livres que j'ai pu retrouver, Danis Bois indique que le premier à avoir parlé du mouvement interne, base de la fasciathérapie, est Ram Chandra. Il attribue donc à son maître l'origine de la fasciathérapie. Ce concept ésotérique repose donc sur un mouvement imaginaire ; pourtant Danis Bois possède un doctorat de l'université de Séville ; il est professeur à l'université Fernando Pessoa au Portugal, professeur associé à l'Université de Rouen. La fasciathérapie fait l'objet d'un master, de deux diplômes universitaires (DU) et de dix-sept thèses dans le cadre de la somatopsychopédagogie ou de la psychopédagogie perceptive dans au moins six universités françaises. L'équipe de Danis Bois collabore par ailleurs avec des chercheurs dans les laboratoires de recherche du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Les hôpitaux utilisent également la fasciathérapie dans des soins de support ; il existe aussi un DU à la Pitié-Salpêtrière, où intervient un des bras droits de Danis Bois. On retrouve aussi la fasciathérapie à l'Institut de cancérologie de l'Ouest à Angers et à Nantes, ainsi que dans des associations de malades, qui constituent des environnements assez perméables, comme on peut le comprendre. Plus surprenant, un essai clinique a été réalisé sur la fasciathérapie en soin de support pour le cancer du sein... La fasciathérapie est un business très lucratif, dont les formations sont assurées par l'école privée Point d'appui, affiliée notamment à l'université privée Fernando Pessoa, au Portugal. La formation est simple : tous les étudiants sont inscrits à l'université Fernando Pessoa et paient des frais d'inscription, mais les enseignements sont dispensés en région parisienne, l'université permettant de délivrer des masters grâce à sa reconnaissance européenne. La formation de fasciathérapeute, qui délivre le DU de fasciathérapie, est seulement ouverte aux kinésithérapeutes. Elle compte dix-huit sessions de trois jours sur trois ans, soit au total 450 heures de cours ou de stages de formation, pour un prix de 10 890 euros. Pour rappel, la fasciathérapie n'est pas reconnue par l'Ordre national des masseurs kinésithérapeutes... »

Extraits de l’article d’Olivier Hertel, « Les sectes entrent à l’hôpital », Sciences et Avenir de novembre 2012 : « (…) Dérapages encore, mais cette fois au cœur du système universitaire où la « fasciathérapie » et ses dérivés se sont imposés comme une discipline à part entière. Au cours de notre enquête, nous avons ainsi répertorié 17 thèses en cours dans au moins six universités à Paris, Rouen, Tours, Nancy, ainsi que dans des laboratoires du CNRS ou de l’Inserm et même à la prestigieuse école AgroParisTech. Or, cette pratique, élaborée par le kinésithérapeute et ostéopathe français Danis Bois, a été dénoncée le 22 juin par le Conseil national de l’ordre des kinésithérapeutes, qui rappelle qu’elles ne sont pas reconnues par la profession, contrairement à ce que prétend Danis Bois. Proche des concepts de qi, ch’i, ou ki, la fasciathérapie soutient l’existence dans le corps d’un mystérieux mouvement animant les fascias, tissus conjonctifs qui délimitent les organes. Un mouvement imaginaire qui aurait un impact sur la santé. Adepte dans les années 1980 de la secte Shri Ram Chandra (10), Danis Bois a élaboré à cette époque sa pratique qu’il prétend efficace « dans la prévention ou le soutien du cancer, de la sclérose en plaques, de déficit immunitaire, etc. ». Des allégations contestées par Olivier Palombi, professeur d’anatomie et de neurochirurgie à l’université de Grenoble et spécialiste de la modélisation anatomique et mécanique des tissus, pour qui les fascias ne sont en aucun cas « animés d’un mouvement ». Et balayées par une étude de master réalisée cette année à l’université de Grenoble et qui confirme que la fasciathérapie n’a pas fait la preuve de son efficacité thérapeutique (11). Pour pénétrer les institutions universitaires, l’ancien kiné a emprunté des chemins tortueux mais efficaces en obtenant d’abord un doctorat en sciences de l’éducation à l’université de Séville en 2007. La même année, il s’est fait nommer professeur à l’Université moderne de Lisbonne, un établissement privé portugais qui a fait faillite depuis. Ses diplômes lui ont ouvert les portes des facultés françaises, puisqu’il se présente désormais comme professeur associé de l’université de Rouen. La fasciathérapie a aussi réussi à infiltrer des associations de malades comme l’Association des paralysés de France-Sclérose en plaques (APF SEP) et ses disciples ont noyauté à ce jour au moins cinq hôpitaux français. Ainsi, Nadine Quéré enseigne-t-elle dans le cadre du diplôme universitaire (DU) Stress, Traumatisme et Pathologie de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Plus surprenant encore, cette pratique a fait l’objet d’un essai clinique à… l’ICO d’Angers (lire plus haut) ! Sollicité, le Dr Eric Jadaud, qui dirigeait cette étude, a refusé de répondre à nos questions. Gageons que l’offensive ne fait que commencer : des cohortes de kinésithérapeutes apprennent actuellement la méthode Danis Bois par l’intermédiaire de Point d’appui, un organisme de formation privé fondé en 1998 et dont le siège est à Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, qui délivre master, DU et doctorat reconnus par l’Etat. Et ce, grâce au partenariat avec l’université privée Fernando-Pessoa de Porto où les étudiants ne sont tenus de se rendre que pour la soutenance de leur diplôme, en français. Un « business » très lucratif puisque la marque « Méthode Danis Bois » affichait déjà en 2009 un chiffre d’affaires de plus de un million d’euros ! Nous sommes également en mesure d’affirmer que Danis Bois bénéficie de soutiens de poids à l’intérieur même du système universitaire français.(…) » 

Le website perso de Danis Bois http://www.danis-bois.fr/ est actuellement en cours de maintenance, tout comme les websites de formation à la méthode Danis Bois http://www.fasciatherapie.com/ ou http://pointdappui.fr/ (le 13/04/2013). Seul le CERAP portugais fonctionne actuellement (Centre d’Étude et de Recherche Appliquée en Psychopédagogie Perceptive de l'Université Fernando Pessoa de Porto au Portugal) : http://www.cerap.org/

Rue 89 et Sciences et Avenir ne connaissent pas aussi bien que nous la SRCM. De la biographie de Danis Bois, on comprend qu’il fut un disciple de Babuji, que celui-ci lui a donné sa bénédiction pour développer sa thérapie des fascias, mais qu’il n’est pas devenu un adepte de Chari. Passé à Vendôme de 1971 à 80, il a fréquenté le cercle très actif des anti-Chari, pro André Poray et/ou Kasturi, comme ses condisciples Denise et Jean-François Mincet ou Cyrille Roux.
Danis Bois s’est éloigné de la SRCM de Chari, mais il ne faut pas croire que la SRCM est absente des thérapies alternatives, bien au contraire. Les adeptes de Chari s’investissent souvent dans toutes ces disciplines : psychogénéalogie, psychiatrie spirituelle, biokinergie, etc.

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